• Prologue

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    Prologue

    Prologue

         Il faisait froid. Un vent glacial soufflait doucement entre les sapins noirs d'une forêt. Dans cette forêt se trouvait un magnifique étang glacé. Une toute petite créature dotée de deux paires d'ailes de libellule se promenait parmi les jonquilles gelées. Ses cheveux en pétales de rose couvraient son crâne, ses gros yeux blancs guettaient le moindre danger. Elle tremblait de froid, elle était toute nue. Elle cherchait un abri bien chaud. Elle s'approcha d'un rebord rocheux qui dégageait une drôle d'odeur. Une odeur de pétrole. Elle renifla, tout en se frottant les bras, puis grimpa. Elle reconnu que c'était une route créée par des êtres intelligents. Au moment où elle allait traverser la route tapissée de goudron, elle vit un chat roux traverser en vitesse. Une grosse machine à quatre roues tout terrain arriva sous des grognements assourdissants. Elle freina brusquement face au chat. L'animal s'enfuit. Deux pieds bottés sortirent de la machine et s'arrêtèrent devant la petite créature. La femelle leva les yeux sans pupille vers le haut, elle devina que c'était un homme célèbre.

    « Que fais-tu Robert ! Le petit minou est-il encore vivant ? cria une voix féminine de la voiture.

     — Il est parti. Tu as fait tout ton cinéma, juste parce que j'allais écraser... un stupide animal ! 

     — Ne dis pas ça ! »

    L'humain contempla longuement la luciole, puis leva un pied pour l'écraser. Le petit animal bipède poussa un petit cri avant de rendre l'âme.

    « Qu'est-ce que j'ai entendu ?

     — Oh, rien. »

          Derrière cette scène inattendue se cachaient d'autres créatures dotées d'ailes qui tremblaient de peur et de froid, certaines étaient enlacées et priaient. Soudain, l'une d'entre elles, une toute petite femme toute bleue aux ailes tels des fils, brillant d'une lumière faible, s'avança prudemment vers la victime une fois que l'homme fut parti. Elle posa son oreille droit sur la poitrine de la décédée et murmura des mots étrangers. Puis elle se leva, et ouvrit grand ses yeux de haine vers un grand mur.

         Nous sommes en Décembre à Eulivia  chez les humains : la neige tombait doucement, teintant le pavé en blanc. C'était Noël, jour de la naissance du Christ pour les humains catholiques. Il faisait nuit noire en dehors du paisible village dont on ne connaissait pas la position géographique ni le nom. Les lumières fusaient parmi des centaines de pavillons, des gens dansaient, buvaient, mangeaient, rigolaient, s'offraient des cadeaux, chantaient...

        Un gros chien, noir et blanc aux poils mi-longs, se faufilait parmi la foule, se faisait bousculer sans cesse par des fesses bien grasses qui écrasaient son museau. Enfin sorti du cauchemar, il arriva devant un vieil homme en blanc dont les lunettes et la tête chauve reflétaient la lumière des lampions. L'homme se baissa pour caresser joyeusement le gros animal heureux. Ce vieil homme était le Dr Stein, docteur bien renommé dans le village pour ses soins miraculeux, comme le sauvetage d'un enfant atteint d'un grave cancer du poumon. Arriva ensuite un homme d'une trentaine d'années, pipe à la bouche, bien coiffé, moustache au dessous du nez bien entretenue, smoking aussi noir que de la cendre. Celui-ci salua le médecin. Le trentenaire était l'homme le plus riche du village : Mr Joyeux. Il était reconnu comme étant un homme presque parfait, aussi généreux que la nature, aussi beau qu'un cheval en liberté. Bien sûr, cet homme se cachait derrière un masque. Mais ce n'était pas tout : il avait une belle épouse, au visage sévère mais doux à la fois. Elle avait une peau très blanche. Elle rejetait tous les hommes qui tentaient de la draguer. Et elle était enceinte. 

        Son mari la vit discuter avec une amie de famille, et ajouta joyeusement au docteur : 

    « Voyez-vous, ma belle guêpe est enceinte ! Le ventre aussi rond qu'un ballon ! 

    — J'ai vu, j'ai vu ! répondit Dr Stein, soupirant.

    — Wouf ! fit le chien.

    — Ah ! J'espère que notre enfant ne sera pas malade comme ce pauvre enfant cancéreux ! ricana Mr Joyeux, en pointant du doigt un petit enfant qui n'avait pas de cheveux.

    — Mr Joyeux, ne dîtes jamais cela. Ne pointez pas du doigt quelqu'un qui n'a pas demandé que sa vie soit faite comme ça. Ou sinon vous le deviendrez à sa place ! marmonna le docteur.

    — Balivernes ! Moi je suis heureux, alors cela ne me regarde pas ! Je suis riche, j'ai une belle femme, j'aurais un enfant, et je n'ai aucun problème dans la vie ! répondit à nouveau le trentenaire.

    — Soit. A juger la vie ainsi, un malheur vous arrivera, Mr Joyeux du domaine des Halosimas, conclut le docteur avant de partir, mains dans les poches et dos courbé, disparaissant dans la foule.

    — Il devient fou, ce docteur.

        Le gros chien se mit sur ses deux pattes arrière avant de donner un gros coup de langue sur le visage du petit homme riche.

    — Ah ! Encore toi ! » grogna celui-ci.

         Un mois et demi plus tard, il y eut une nouvelle fête : celle de la naissance du premier enfant du couple, les Joyeux. Dans un coin du grand jardin du domaine des Joyeux, un groupe d'enfants était assis devant Mme Joyeux qui avait son enfant dans les bras. C'était une toute petite fille, une jolie petite fille brune, avec une peau blanche, des yeux bleus purs comme le ciel et une bouche en forme de coeur. Elle raconta aux petits que le nouveau-né avait été retrouvé dans une belle rose sauvage et pleine d'épines, et grâce à l'amour du couple, le petit bébé avait été sauvé. Tous les enfants poussaient un "Oh !" émerveillé. Le Dr Stein, qui était venu faire une visite, poussa un rire, derrière le groupe. Il tenait dans la main un ballon de baudruche mécanique, fonctionnant grâce à un petit feu, tel un mini montgolfière.  La femme le regarda sévèrement, ajoutant qu'il ne fallait pas briser les rêves des petits innocents.

    « Moi, briser les rêves ? Jamais ! Je suis là pour aider les gens à retrouver espoir, pas à les briser ! répondit l'homme.

    — Vous croyez tout savoir et être le plus intelligent, vous voulez dominer mon mari. Cela fait un mois qu'il est inquiet pour la santé de notre fille, depuis ce que vous lui avez répondu à propos des enfants cancéreux. Tiens, là, ils sont juste devant toi.

       Tous les enfants du groupe se retournèrent pour observer le docteur. Une petite fille, qui était amputée d'un bras, ajouta : 

    — Docteur, dîtes-nous si ce qu'elle dit est vrai ! 

    — Hé bien, mon enfant, non. Papa et maman dorment ensemble dans le lit et font un bébé.

    — Comment on fait un bébé ?

     — Ah ! Mes petits curieux ! Ce soir, vous pourrez me voir, je vous offrirai des cookies à côté ! 

    — Oui ! Allons chez lui ce soir ! »

         Tous les enfants se levèrent, heureux, s'échangeant des phrases. La petite fille arriva vers le docteur et l'enlaça de son bras gauche : 

    « Merci ! »

         La femme, devenue maintenant une jeune mère, le regardait, colérique, puis se leva pour rejoindre son mari qui discutait avec une connaissance. Ils discutèrent longuement, avant de poser un regard sur le docteur.

    « D'accord, laissons-le pour le moment. On le reverra quand le destin décidera », finit le trentenaire.

    **

         Deux ans plus tard, les parents, heureux, organisèrent une grande fête pour l'anniversaire de leur fille :

    « Joyeux anniversaire, ma belle ! »

          La jeune mère portait une longue robe rose en soie, ses cheveux châtains étaient attachés en forme de fleur. Elle tendit les bras vers sa fille, souriante, puis l'enlaça. La petite fille nommée Risia fit de même. Puis ce fut le tour de son père de l'enlacer. Risia posa son petit nez pointu sur l'épaule de son père qui était en costume, avec un noeud papillon et les cheveux bruns ramassés en arrière. La moustache bien entretenue frôla la joue de la petite fille. Le père la lâcha, souriant :

    « Bon anniversaire, mon ange !

    — Pa... Mer... », essaya de dire la jeune fille.

          Le père fronça les sourcils, la mère était soucieuse. Risia les regarda étonnée, ne comprenant point ce qu'ils lui disaient. Le son de l'air vibrait entre ses oreilles. Les lèvres bougeaient devant ses yeux qui ne cessaient de déchiffrer ce qu'ils disaient. Elle n'entendait aucun son. Les gestes de ses parents ne semblaient pas compléter les paroles muettes. C'est comme si ses oreilles avaient complètement disparus. Une foule de mille visages étrangers aux yeux de la jeune fille, semblait l'ignorer. Des enfants de son âge dansaient main dans la main, la pelouse bien verte du grand jardin fleuri était humide.

    « Risia, tu comprends ce que je dis ? » demanda la mère.

          Risia ne répondit pas. Elle regardait toujours ses parents et les alentours, fronçant les sourcils, les yeux bleus clairs qui s'agitaient de gauche à droite. Elle se tapota le front. Puis elle partit vite déballer les cadeaux que les heureux invités avaient posés sur une grande table. Elle ouvrit un grand cadeau. La petite brune s'excita, et enlaça la Maison de poupée en or à peine déballée. Le soir arriva, la fête se termina, les hommes sentaient le vin, les femmes ne souriaient plus et se plaignaient d'avoir mal aux pieds à cause d'être restées debout trop longtemps avec leurs chaussures à talon. Le gros chien Paul, enfermé dans sa niche toute la journée, jappa, sauta dans tous les sens, content de revoir son maître de retour au domaine familial. Il posa ses énormes pattes sur la hanche gauche du père, celui-ci le poussa brutalement. "Dégage !", dit-il. La mère ne réagit pas, tenant la main de Risia qui était sur le point de pleurer. La mère lui demanda :

    « Qu'as-tu ?

    — Pa... Mé... Zan... Po...

    — Ma pauvre, je ne comprends pas ce que tu racontes. Va dormir. On va t'emmener chez le médecin demain. On a l'impression que tu as un gros problème de communication.

    — Mé...Chant...» continua la fille.

          La mère soupira. Elles gravirent les grands escaliers, le père rentra dans son bureau. Risia vit par l'entre-ouverture de la porte un homme apparaître à côté de son père. Il portait un grand voile noir. Il tendit une main moite et momifiée vers la figure de son père. Celui-ci lui suppliait de le laisser sauf. Elle tira sur le bras de sa mère, lui demandant de s'arrêter. Mais celle-ci continuait sa marche.  Plus tard, installée confortablement dans son grand lit de luxe rose, Risia reçut un tendre baiser sur son front. Les poupées en porcelaine et les chiens en peluche semblaient la surveiller.

    « Bonne nuit », dit sa mère sans sourire.

         Elle quitta la chambre et referma la porte derrière elle. Risia observa autour d'elle, quitta son lit. Elle sortit de sa chambre. Le couloir était sombre, la seule source de lumière provenait du bureau de son père. Elle se rapprocha. Le carrelage était étrangement glacial, ses petits pieds blancs semblaient laisser des marques glacées. De la buée sortait de sa respiration. 

    « Pa ?»  appela-t-elle doucement, tremblante.

         Arrivée face à la salle, elle observa par l'ouverture. Elle voyait son père en sueur, en train de rédiger des lettres de manière désorienté. Le globe terrestre en bois se trouvait à terre, une marque rouge indiquait un endroit particulier. 

    « A ? appela-t-elle à nouveau.

         L'homme leva brusquement la tête, et semblait lui crier, indiquant du doigt de retourner dans son lit. Pétrifiée, la petit restait sur place, espérant que son père se calmait. Il regarda vivement à sa gauche, sortit de son bureau en courant, manquant de tomber. Soudain, une ombre apparut face à elle, ouvrant violemment la porte. Risia poussa un petit cri. C'était l'homme au voile noir. Elle comprit qu'il lui parlait, mais elle ne comprenait rien. Tout à coup, sa mère arriva effrayée, décoiffée. Elle s'agenouilla et s'accrocha au voile, le suppliant. Puis le calme revint. L'étranger l'observa, le père en arrière-plan scrutait la scène, inquiet.

    « S'il vous plaît ! Tout, mais pas elle ! »

           L'homme se mit à la hauteur de Risia, puis l'indiqua sa chambre. Les parents se détendirent, la mère s'affala sur le sol. Risia ravala sa salive, et retourna dans sa chambre en courant et en pleurs.

    **

         Le lendemain, après une longue route, on emmena la fille chez le médecin, le Dr Stein, même si ce couple ne souhaitait plus voir cet homme. "Quand le destin décidera", comme avait dit le père deux ans auparavant. Après une rapide auscultation, le médecin, assis à son bureau, joignit ses deux mains :

    « Votre fille est sourde. »

    Les parents restaient incapables de réagir, et regardèrent Risia, les yeux rougis, qui imitait les gestes du docteur qui jouait avec un stylo ou qui arrangeait ses lunettes. Le père plaqua ses deux mains sur les accoudoirs de la chaise :

    « Ne dîtes pas de telles sottises ! 

    — Non, non non ! Ce n'est pas possible ! Pendant tout ce temps, on a essayé d'être si gentils avec elle, on a joué notre fausse personnalité devant tout le monde... paniqua la mère.

    — Il n'y a pas d'erreur. Votre fille est bel et bien sourde, mais si vous lui amenez une bonne éducation, elle saura parler. Ses cordes vocales sont en bon état. »

           Les parents se levèrent en même temps, et sortirent du cabinet du médecin sans même prendre la peine de payer. Ils entraînèrent leur enfant dans un train d'une gare nommée "File toi d'abord". Ils décidèrent qu'à partir de ce jour, ils la traiteraient autrement.

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    1
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    Samedi 3 Décembre 2016 à 01:54
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